Bilan culture #3 - Avril 2020
- Julie
- 16 avr. 2020
- 11 min de lecture
Dernière mise à jour : 11 juin 2020

🎬Films :
Lillian (2019) de Andreas Horvath
Ce film, basé sur un fait divers survenu dans les années 20, est mystérieux et captivant. Pourtant il ne s’y passe rien. Si ce n’est qu’on suit Lillian Alling, jeune émigrée russe aux USA qui décide de rejoindre sa terre natale, à pied. Elle disparaîtra sans laisser de traces.
Transposée à notre époque, on suit 2h durant Lillian. On la verra marcher et braver les éléments. Le film comporte très peu de dialogues, et en tant que spectateur nous n'avons pas accès aux pensées de Lillian, ce qui donne tout son mystère à cette histoire. C'est un film contemplatif, expérimental, dans lequel on peut seulement assister impuissant à son périple, et observer à mesure qu’elle avance, les paysages hostiles de l'Amérique l'engloutir et la faire disparaître peu à peu.
Game night (2018) de John Francis Daley & Jonathan Goldstein
Cette comédie US sans prétention est drôle et divertissante. Portée par un bon duo comique, Jason Bateman et Rachel McAdams, le film tient ses promesses comiques et permet de passer un très bon moment.
Les proies (2017) de Sofia Coppola
Pendant la guerre de sécession, un déserteur trouve refuge dans un pensionnat de jeunes filles. Ces dernières vivent recluses, et l'arrivée de cet homme va bouleverser leur équilibre et très vite, faire apparaître des tensions. Sofia Coppola, par l'utilisation du cadre et des jeux d'ombre et lumières retranscrit à la perfection l'enfermement et l'ambiance moite et pesante dans laquelle évoluent les personnages. Le cast est globalement bon (surtout les valeurs sûres Kirsten Dunst, Nicole Kidman et Colin Farrell) pourtant les personnages sont à peine assez développés pour que les rivalités entre les personnages et le bouquet final fonctionnent vraiment. Un film en demi-teinte donc.
Ma nuit chez Maud (1969) de Eric Rohmer
Tout en sobriété, Rohmer nous offre ici un joli film, doté d'une belle réalisation et d'acteurs charismatiques. Pourtant ce film bavard ne m'a pas totalement convaincu. La faute sans doute aux dialogues bourrés de concepts philosophiques, auquel je n'ai pas réussi à m'identifier.
J’avais largement préféré le Rayon vert (1986), dans lequel on pouvait plus s’identifier au personnage principal.
Manhunter (Le sixième sens) (1986) de Michael Mann
Thriller prenant mais qui parait aujourd'hui plutôt classique dans son scénario et dans la caractérisation des personnages.
De plus, ça tire en longueur par moments. Finalement, le film a plutôt bien vieilli, sauf la scène du dénouement final, dont la musique et la réalisation sentent fort les années 80.
Le dernier métro (1980) de François Truffaut
Je vais me faire taper sur les doigts par la communauté cinéphile, mais voilà, je suis restée totalement indifférente à l’histoire et aux personnages malgré une belle réalisation et une bonne interprétation.
The Hate U Give (2019) de George Tillman Jr.
Adapté du roman pour adolescent·e·s du même nom, cette adaptation illustre de façon juste le racisme et les violences policières auxquelles les communautés noires aux USA doivent faire face. L'interprétation sans faute d'Amandla Stenberg (qu'on connait pour son rôle de Rue dans Hunger Games !) donne vie au personnage de Starr, auquel on peut alors s'identifier et ainsi réellement se sentir impliqué dans l'histoire et les difficultés qu'elle traverse.
Freaky Friday (2003) de Mark Waters
C'est ici le facteur nostalgie qui joue, et me fait apprécier ce film même après des années, malgré ses défauts.
Booskmart (2019) de Olivia Wilde
Les films réalisés par des femmes sont bien trop tard, c'est un fait. J'aurais du mal à citer d'autres teen movies réalisés par des femmes, et quel gâchis. Car Olivia Wilde nous sert ici avec Booksmart un teen movie drôle, intelligent et novateur, exempt des clichés habituels du genre.
El Hoyo (La plateforme) (2020) de Galder Gaztelu Urrutia
Tour à tour violent ou répugnant, le film vise à offrir une réflexion sur l’égoïsme et offre une métaphore de la lutte des classes pas forcément très subtile.
Des prisonniers sont détenus dans des cellules verticales. Ceux qui logent dans les cellules supérieures sont nourris, tandis que ceux des cellules inférieures récupèrent les restes. Goreng, un détenu fraîchement débarqué, va se battre pour changer le système. Le film m'a beaucoup fait penser à Snowpiercer, dans les thèmes abordés.
J'ai perdu mon corps (2019) de Jérémy Clapin
Ce film d'animation français, récompensé aux derniers Césars, a des qualités certaines, mais j'ai trouvé le personnage principal tellement antipathique que je n'ai pas totalement adhéré.
Dark waters (2020) de Todd Haynes ★ 5/10
Sujet de fond intéressant mais la réalisation était trop plate, aucune émotion ne se dégage et j'avais très peu d’intérêt pour les personnages. Ce type de film d’investigation se prête plus à un format documentaire selon moi.
Proxima (2020) - Alice Winocour ★ 9/10
J'ai tout simplement adoré ce film. Il est bien interprété, j'ai été agréablement surprise par Eva Green, que je connaissais assez peu finalement, et la jeune Zélie Boulant-Lemesle qui interprète sa fille est touchante et juste.
Le film est très beau, réaliste, intimiste, et explore beaucoup de thèmatiques de façon toujours subtile. A travers le personnage de Sarah, spationaute qui se prépare à voyager dans l'espace, on explore la relation mère-fille, la difficulté à gérer sa vie familiale et sa carrière quand on est une femme et également les difficultés à être une femme dans un milieu d'hommes.
Je connaissais peu le travail d'Alice Winocour, mais j'ai réalisé qu'elle avait travaillé sur le scénario de Mustang, un film que j'adore. J'ai très envie de découvrir son travail plus en profondeur, notamment Augustine, qui traite de l'hystérie.
Chromosome 3 (1979) - David Cronenberg ★ 7/10
Explorant la maternité à travers une horreur corporelle, le film arrive à créer du suspens de manière efficace.
The Florida project (2017) - Sean Baker ★ 9/10
Mon coup de cœur absolu ce mois-ci, j'ai d'ailleurs rédigé une critique à part qu'il est possible de retrouver ici.
Le cas Richard Jewell (2020) - Clint Eastwood ★ 6/10
Certains personnages auraient pu être mieux écrit et mieux utilisés dans l’histoire, notamment la mère, C'est dommage car je trouve que Kathy Bates, qui est une super actrice, est sous-utilisée ici. Le reste du casting est bon, notamment Sam Rockewell qui ne déçoit jamais. Sinon, c'est un film divertissant, plutôt classique, qui traite du mythe du héros américain et de comment les médias forgent l'opinion publique.
Lady bird (2017) - Greta Gerwig ★ 6/10
L’esthétique est sympa, c'est indé, c'est joli mais je trouve que le film n’évite pas certains clichés du genre. Le personnage de Lady Bird est cependant attachante et ça reste un teen-movie tout à fait correct.
Persona (1966) - Ingmar Bergman ★ 5/10
La réalisation est soignée mais je suis totalement passée à côté du sujet et des côtés abstraits de l’oeuvre. Je vais tout de même essayer à l'avenir de voir d'autres oeuvres de Bergman.
Petit paysan (2017) - Hubert Charuel ★ 8/10
Un très bon film qui s'empare d'un sujet percutant, les souffrances paysannes, et déroule sa narration comme un thriller, construisant une tension, jusqu'à l'inévitable dénouement. Swann Arlaud y est très juste
Hors normes (2019) Olivier Nakache & Éric Toledano ★ 7/10
Inspiré d'une histoire vraie, le film se concentre sur deux personnages qui tente de maintenir à flot leur association qui s'occupe d'enfants et adolescents autistes. J'ai apprécié le ton juste et émouvant de cette histoire, et j'ai également apprécié que les personnages autistes encadrées par l'association soient de vraies autistes, et non des personnes valides imitant des autistes. L'un des acteurs, Benjamin Lesieur, a d’ailleurs été nommé pour le césar du meilleur espoir masculin. Cependant, le film aurait été encore plus intéressant s'il s'était plus concentré sur ces personnages ci, et non sur les encadrants.
Le genou de Claire (1970) - Eric Rohmer ★ 5/10
J'aime définitivement l'esthétique de Rohmer et son travail sur les décors. J'aime aussi la façon dont il crée une ambiance propre à chaque film et la façon qu'il a de créer un univers intimiste dans lequel les personnages et leurs errances sont propices à explorer des thématiques différentes à chaque fois. Cependant, j'ai un vrai problème avec ce film. Explorer le désir et la morale pourquoi pas, mais regarder ce personnage de 35 ans, jouer avec les sentiments et fétichiser des adolescentes m'a profondément dérangée, d'autant qu'il n'y a pas de regard critique sur ses actes.
Queen and Slim (2020) - Melina Matsoukas ★ 6/10
Lors de leur premier rendez-vous, Queen and Slim, tous deux afro-américains, sont arrêtés sur la route pour une infraction mineure. La situation dérape rapidement et le policier est tué sous le coup de la légitime défense. S'engage alors une fuite à travers le pays,
Tour à tour romance, film social, road movie ou film d'action, le film ne sait jamais vraiment ce qu'il veut être, et cela amoindri selon moi le propos, qui était louable au départ. Les acteurs sont corrects, mais j'ai eu du mal à cerner le personnage de Queen, et je n'ai pas adhéré au développement de leur histoire d'amour,
La réalisatrice a réalisé beaucoup de clips de musiques auparavant, et je trouve que ça se ressent. Les images sont belles et certaines scènes pourraient tout à fait apparaître dans un clip, mais le scénario n'est pas suffisamment solide pour en faire un long-métrage.
Il faut quand même noter que c'est le premier film de sa réalisatrice, et qu'il y a tout de même de bonnes choses.
Laissez-moi aimer (2019) – documentaire - Stéphanie Pillonca ★ 7/10
Cécile Martinez, chorégraphe de profession, enseigne la danse à des personnes handicapées. C'est ici le postulat de départ de ce documentaire. On va suivre plusieurs personnes handicapées, qui par la danse se sont réappropriés leurs corps, et par la suite leur désir. Par la danse, ils apprennent à s'aimer, et à laisser les autres les aimer.
J'ai trouvé regrettable qu'il n'y ait pas vraiment de fil conducteur au documentaire, c'est plus une succession de scènes de vie entrecoupée de scènes de danse, très belles par ailleurs. Malgré ce manque de construction, le documentaire est très touchant et édifiant quant au pouvoir de l'art sur l'épanouissement personnel.
Le documentaire est.encore disponible ici

💻 Séries :
The haunting of Hill House créée par Mike Flanagan (2018)
Librement adaptée du roman éponyme de Shirley Jackson (1959), The haunting of Hill House est une bonne série d’horreur, qui joue sur les codes de l’épouvante et de la maison hantée pour finalement raconter un drame familial assez prenant. La série aborde beaucoup de thèmes, le deuil, les traumatismes d’enfances, l’addiction ou encore le suicide, et ici, les éléments horrifiques viennent renforcer ce propos.
La série jongle donc très habilement entre l’horreur avec quelques moments de tension plutôt effrayants, et le drame.
Le cast est assez inégal, certaines scènes sonnent un peu faux tant au niveau des dialogues que du jeu, mais ça n’enlève rien à la qualité globale de la série. En revanche, certain·e·s acteur·ice·s offrent de très belles performances, notamment Victoria Pedretti et Oliver Jackson-Cohen dans les rôles respectifs de Nell et Luke.
Je n’ai pas lu le livre, mais la série utilise habilement les codes du roman gothique (la maison hantée, le thème du suicide et les secrets qui refont surface et qui hantent les personnages) et transpose cette histoire à l’époque contemporaine, la rendant universelle.
Vampires (2020) - Benjamin Dupas et Isaure Pisani-Ferry ★ 5/10
Série d'horreur française franchement débarquée sur Netflix, j'avoue été avoir attirée car j'aime le cinéma d'horreur. et c'est assez rare de voir des productions françaises dans ce genre. J'ai vite été déçue et bien que j'ai terminé la saison 1, je ne suis pas sûre de poursuivre quand la saison 2 sortira.
L'idée était ambitieuse, mais je n'ai rien trouvé de très original. Globalement c'est du déjà-vu : que ce soit la trajectoire d'une jeune fille qui s'émancipe grâce au surnaturel, la grande méchante à l'accent anglais ou bien l’esthétique néon. Certaines scènes m'ont vraiment fait pensé au film Grave, mais en moins bien.
📖 Livres :
Scum manifesto (1967) de Valerie Solanas
Ce pamphlet féministe radical, enragé et pessimiste, appelle à l’éradication des hommes, purement et simplement
A travers ce texte, Solanas déroule tout un argumentaire sur comment et pourquoi les hommes ont pris le pouvoir, et sur le fait qu’il est urgent de se rebeller contre ce système établi, en éradiquant les hommes.
Bien qu’elle ne se fonde sur aucunes données scientifiques réelles, certains passages où elle tacle les hommes ne manquent pas d’humour. Et même si son argumentaire radical ne convainc pas, on ne peut que remarquer les constats lucides qu’elle fait sur certains points, notamment la façon dont le capitalisme rend les femmes dépendantes des hommes, et ainsi altèrent les relations hommes femmes, pour le pire, et sur comment les luttes sociales et les révolutions émanent toujours des marginaux (le fameux SCUM, les rebuts de la société) dont elle-même faisait partie.
La tresse – Laetitia Colombani ★ 5/10
C’est divertissant et ça passe le temps, mais ça n’a rien d’un chef d’œuvre. L’histoire de base est bien et plutôt originale, mais j’ai trouvé les personnages et leurs situations caricaturales, on ne va jamais vraiment au-delà de la présentation initiale des personnages. De plus, j'ai trouvé le style plat.
🎧 Musique & Podcast :
Sorociné, imaginé et animé par la critique cinéma Pauline Mallet
A écouter si la représentation des femmes dans le cinéma vous intéresse et que vous souhaitez avoir des pistes de réflexion ! Pour ma part, certains épisodes croisent des recherches que j'avais pu faire pour mon mémoire de recherche, et cela permet de continuer à se questionner.
Certains l'aiment à chaud ! (CLAAC) - podcast cinéma.
Confinement oblige, les chroniqueurs enregistrent le podcast à distance et en profitent pour tester différentes plateformes de streaming : Netflix, Mubi, ou encore Disney+. Ces épisodes offrent un regard critique sur ces plateformes ainsi que quelques recommandations bienvenues !
🎨 Expositions (virtuelles) :
Faces of Frida, exposition virtuelle sur la vie et l'oeuvre de l’incontournable Frida Kahlo. A découvrir sur,Google Arts & Culture > ici
🎭 Spectacles & festivals (virtuels) :
« Printemps imaginaire » par le Printemps de Bourges.
En cette période de confinement, les acteurs de la culture redoublent d'effort pour ne pas perdre le lien avec le public. Que ce soit les théâtres, les festivals, les salles de cinéma. ils rivalisent d'inventivité pour continuer de vivre et de proposer du contenu digital aux spectateur·ices, alors même que l'avenir de la culture est très incertain. L'offre est d'ailleurs pléthorique, et j'avoue avoir l'impression de passer à côté de pas mal de choses.
Du 21 au 26 avril dernier aurait dû avoir lieu le Printemps de Bourges, festival de musiques actuelles. L'équipe du festival a dû se réinventer et trouver une alternative. Ils ont donc demandé aux artistes programmés initialement de faire des propositions artistiques, afin de proposer chaque jour sur les réseaux sociaux du contenu exclusif. En plus des vidéos proposées par les artistes (Aloïse Sauvage, Jeanne Added, L'Impératrice etc.), on peut également retrouver directement sur le site du festival des chroniques ou encore une exposition virtuelle, Paris-Londres : Music Migrations..
Evidemment, rien ne remplace un festival en réel et on peut ne pas adhérer à ce concept, j'avoue que je trouvais le concept très brouillon au départ, mais l'équipe du festival a tout de même fait un gros travail pour proposer du contenu.
🎮 Jeux :
Life is strange (2015) (sur PC) jeu développé par le studio français Dontnod Entertainment
Histoire interactive à choix multiples, Life is Strange permet d’incarner Max, une jeune étudiante qui se retrouve mêlée à une disparition, en même temps qu’elle se découvre le pouvoir de remonter dans le temps.
L’histoire sans être des plus originales fonctionne bien, et les personnages sont tous intéressants et attachants à leur manière.
J’ai absolument adoré la bande son folk qui crée une ambiance propre au jeu. Les premiers épisodes comportent des jolies scènes contemplatives et pleine de poésies, sublimées par cette bande son.
Peu adepte des jeux vidéo, j’ai apprécié d’être immergée dans l’histoire grâce au gameplay et au fait de faire des choix pour faire avancer l’histoire. Le gameplay est un peu simpliste mais pour ma part je ne recherche pas un gameplay très poussé mais plutôt l’interactivité entre les personnages et le développement de l’histoire.
Je regrette simplement que les choix n’impactent pas vraiment le déroulé de l’histoire, ni la fin. La trame est déjà écrite, et il n’y finalement que deux fins possibles.
De plus, les retours dans le temps deviennent légèrement répétitifs, surtout vers la fin du jeu où l’on s’y perd un peu.
J’ai également trouvé la fin que j’ai obtenue, décevante et frustrante. Bien qu’elle soit superbement exécutée et très chargée émotionnellement, elle annule totalement tout le développement précédent.
Les histoires avec des voyages dans le temps sont souvent compliquées à conclure de façon cohérente, et malheureusement ce jeu n’y échappe pas. Cependant, ça reste un très bon jeu, bien exécuté et qui est très facile d’accès aux novices comme moi.




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