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7 jours, 7 réalisateur·ices noir·e·s - Focus #1

  • Julie
  • 19 juin 2020
  • 5 min de lecture

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On se questionne souvent sur l'utilité de l'art.

La méthode de pensée de "L'art pour l'art" estime que l'art est dépourvu de toute fonction didactique, morale ou utile. Mais l'art n'est pas seulement beau ou esthétique, mais a bien une utilité. Parce que l'art donne matière à penser, il n’y a rien de mieux pour s’identifier, créer de la réflexion, ou s'éduquer, notamment sur des sujets d'actualité.


Alors que le hashtag #BlackLivesMatter se répand sur les réseaux sociaux et que les mouvements de protestations contre les violences policières et contre le racisme systémique secouent non seulement les Etats-Unis, mais bien le monde entier, il est important de s'éduquer sur les questions raciales. De nombreuses associations ont rassemblé des listes de ressources anti-racistes (essais, documentaires, films, etc.).


Pour ma part, car je trouve également important de soutenir les artistes noir·e·s et de valoriser leurs voix, j’ai eu envie de partager un corpus de 7 films réalisés par des femmes ou des hommes noir·e·s. Il y en a évidemment beaucoup d'autres, mais ces films explorent l’expérience des personnes noires de façon variée, les violences policières, mais pas seulement, au 18e siècle ou aujourd'hui, aux États-Unis, ou en Afrique. Bref, j'ai tenté de proposer des films variés, et qui pour certains me semblent trop méconnus.



1. Rafiki (2018) de Wanuri Kahiu

Kena et Ziki sont deux lycéennes ordinaires que tout oppose, mais qui vont être attirées l’une vers l’autre. Confrontées à la violence de la société conservatrice, les deux jeunes femmes vont être contraintes de choisir entre amour et sécurité.


Ce film Kényan, présenté au Festival de Cannes en 2018, a été censuré dans son pays d’origine. En effet, la commission de classification des films au Kenya avait demandé à Wanuri Kahiu de ”modifier la fin du film car ils souhaitaient que ça se termine sur une note de repentance” mais elle a refusé, car elle tenait à insuffler de l’espoir et de la joie. (Source : Allociné)


Et effectivement, le film n’est pas pessimiste, au contraire. Par son propos, mais surtout par l’utilisation des couleurs et de la lumière, c’est un film très doux et très solaire. La réalisatrice montre le côté moderne et dynamique du Kenya. Nos deux héroïnes représentent donc une jeunesse moderne, qui refuse d’adhérer aux valeurs traditionnelles de leurs parents.

La bande-son, composée en partie par des artistes Kényans actuels, est également moderne et vraiment sympa.




2. Belle (2013) de Amma Asante

Belle est un film historique britannique, racontant l'histoire de Dido Elizabeth Belle, fille illégitime d'une esclave noire et d'un amiral de la Royal Navy. Elle sera élevée dans l'aristocratie par son oncle, et sera amenée à lutter contre l'esclavage. ⁣


Ce film est assez méconnu, pourtant il présente de nombreuses qualités. De par son propos historique, il vaut le coup d'oeil, mais il y a également en second plan une jolie histoire d'amour. Les acteurs sont très charismatiques et il y a une belle alchimie entre eux. Gugu Mbatha-Raw, sublime dans ce rôle, apporte de la nuance et du caractère à cette jeune fille métisse qui cherche sa place et lutte pour une cause plus grande qu'elle.



3. BlacKkKlansman (2018) de Spike Lee

Au début des années 70, Ron Stallworth devient le premier officier noir américain du Colorado Springs Police Department, mais son arrivée est accueillie avec scepticisme et hostilité. Pourtant, Stallworth va tenter de faire bouger les lignes. Il se fixe alors une mission périlleuse : infiltrer le Ku Klux Klan pour en dénoncer les exactions.


Tiré d’une histoire vraie, le film s’empare d’un sujet brûlant mais y injecte beaucoup d’humour et de sensibilité. Il oscille habilement entre les moments comiques et les moments tragiques, propres au sujet.

Les acteurs sont supers, c’est un film que je recommande vivement si vous ne l’avez pas encore vu.



4. The Hate U Give (2019) de George Tillman Jr.

Starr est témoin de la mort de son meilleur ami d'enfance, Khalil, tué par un officier de police. Confrontée aux nombreuses pressions de sa communauté, Starr doit trouver sa voix et se battre pour ce qui est juste.

Adapté du roman pour adolescent·e·s du même nom, il me semble que cette adaptation illustre de façon juste le racisme et les violences policières auxquelles les communautés noires aux USA doivent faire face. Amandla Stenberg, par son interprétation sans faute et le charisme, donne vie au personnage de Starr, auquel on peut facilement s'identifier et ainsi réellement se sentir impliqué dans l'histoire et les difficultés qu'elle traverse.



5. Beyond the lights (2015) de Gina Prince-Bythewood

Noni est une star mondiale de la chanson, mais la pression de la célébrité lui pèse. Jusqu'au jour où elle rencontre Kaz, un jeune policier chargé de sa protection. Leur attirance se transforme vite en un amour passionné, et va permettre à Noni à trouver sa voix et de s'émanciper.

Loin d’être un chef-d’oeuvre, Beyond the Lights est un film pop qui tire parfois au mélodrame, mais qui a au moins le mérite d’être divertissant, et surtout d’être intéressant en termes de représentation. Sur fond de musique, le film met en scène une jeune femme métisse dont l’arc narratif ne tourne pas exclusivement autour de sa couleur de peau.

On retrouve au casting Gugu Mbatha-Raw, bien trop rare sur nos écrans et dont le charisme porte le film, et Nate Parker. Les deux interprètes ont une bonne alchimie, et rendent ce couple très attachant et font de ce film un bon divertissement plein de bons sentiments.



6. Native Son (2019) de Rashid Johnson

Bigger Thomas, jeune afro-américain de vingt ans, évolue dans la pauvreté du sud de Chicago, jusqu'au jour où il se fait embaucher comme chauffeur pour un riche homme d'affaires. Très vite, il va se retrouver entraîné dans une situation dangereuse.


Artiste plasticien à l’origine, Rashid Johnson offre un joli objet de cinéma avec de bonnes idées de réalisation, mais qui malheureusement ne fonctionne pas totalement.


Le scénario n’est pas assez solide et rend le tout assez bancal. Le film peine à démarrer, et le noeud de l’histoire arrive trop vite, trop tard. Mais même si certaines idées sont mal exécutées, ça vaut néanmoins le coup d’oeil. J’ai trouvé les acteurs très bons, et le personnage de Bigger est ambivalent et pas du tout stéréotypé.



7. Queen and Slim (2020) de Melina Matsoukas

Lors de leur premier rendez-vous, Queen and Slim, tous deux afro-américains, sont arrêtés sur la route pour une infraction mineure. La situation dérape rapidement et le policier est tué sous le coup de la légitime défense. S'engage alors une fuite à travers le pays.

Ce film comporte certains défauts, mais il faut quand même noter que c'est le premier long-métrage de Melina Matsoukas.

Tour à tour romance, film social, road movie ou film d'action, le film ne sait jamais vraiment ce qu'il veut être, et cela amoindrit selon moi le propos, qui était louable au départ. Les acteurs sont corrects, mais j'ai eu du mal à cerner le personnage de Queen, et je n'ai pas adhéré au développement de leur histoire d'amour. La réalisatrice a réalisé beaucoup de clips de musiques auparavant, et je trouve que ça se ressent. Les images sont belles et certaines scènes pourraient tout à fait apparaître dans un clip, mais le scénario n'est pas suffisamment solide.

Il y a tout de même de bonnes choses, le propos est évidemment important, et ça reste un bon premier film qui vaut le coup d’être vu.





 
 
 

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