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SCUM (1979) et Dog Pound (2010), l'enfer des prisons pour mineurs - critique #2

  • Julie
  • 19 mai 2020
  • 3 min de lecture

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Scum, adjectif anglais qui veut dire de quelqu’un que c’est une ordure, une pourriture, un moins-que-rien.


Alan Clarke tourne une première version de son histoire destinée à la BBC, mais cette version sera censurée à cause de sa violence. Tant pis, on prend les mêmes et on recommence. Quelques années plus tard, il rassemble de nouveau son équipe et ses acteurs et tourne une deuxième version, qui sort en salles en 1979 et qui est la version qu’on connait aujourd’hui.


Et on comprend sans mal pourquoi le film a pu choquer. SCUM est un film violent, sans concession. Une claque.


L’histoire commence alors que trois nouveaux arrivent dans un centre de détention pour mineurs. Le film montre sans fard la violence qui rythme la vie de ces détenus. En effet, Carlin, Davis et Angel ne seront pas épargnés, ils seront traités comme des moins-que-rien et devront lutter pour s’imposer dans ce microcosme où règne la violence. La prison possède ses propres règles, et chacun doit composer avec ces règles. On comprend très bien le rapport de pouvoir qui existe entre les nombreux détenus, de même qu’entre les détenus et les gardiens.


Les trois personnages principaux permettent chacun d’explorer des thématiques différentes. Le personnage de Carlin est sans doute le personnage le plus mis en avant et le plus développé, les autres personnages sont en retrait et ont moins de relief, ce qui est dommage, mais ça n’enlève rien à l’impact produit par ce qui leur arrive.


Le personnage d’Archer, qui mène sa propre révolte silencieuse est sans doute le personnage le plus intéressant dans cette galerie de délinquants. Totalement en marge de cette mini société, il ne renonce pas à ses idées, à sa liberté de penser, et comme il aime le répéter, « ils ne [m]’auront pas ».

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Les acteurs sont tous impeccables et la mise en scène nous fait très bien ressentir l’enfermement des personnages. C’est brut, c’est froid et douloureux. La tension monte jusqu’à exploser. La musique inexistante et la mise en scène sans fioritures rendent le film quasiment documentaire et particulièrement fort.


La violence y est montrée de manière très explicite, âmes sensibles s’abstenir, mais Alan Clarke a très bien réussi avec Scum à dénoncer les conditions de détention dans ces prisons pour mineurs.


En 2010, sort un remake de Scum, Dog Pound réalisé par Kim Chapiron. Je l'avais vu il y a quelques années sans connaitre l'original, et j'avais été vraiment marquée. Toutefois il ne m'en restait que peu de souvenirs, hormis une ou deux scènes les plus marquantes, et j'ai donc décidé de le revoir afin de comparer à l'original.


Et bien je dois dire que l'effet produit par le film est toujours aussi fort au deuxième visionnage, en plus d'être selon moi un très bon remake !

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Le propos est sensiblement le même, mais là où Scum avait un aspect documentaire, Dog Pound est beaucoup plus esthétisé. J'ai apprécié la bande son légèrement folk, elle apporte de la mélancolie et offre de jolis moments presque poétiques.


Le personnage de Archer, si incroyable dans Scum, trouve son équivalent ici en la personne de Max, que j’ai trouvé malheureusement beaucoup moins intéressant. Il est tout aussi marginalisé, mais il n’y a pas l’aspect rebelle et les réflexions philosophiques d'Archer. Son insolence sert plutôt de ressort comique alors qu'Archer était un personnage réellement subversif.



J’ai en revanche apprécié les ajouts faits, à savoir les familles des détenus ainsi que les nombreuses interactions entres les trois protagonistes. Là où dans Scum les personnages étaient presque réduits à des archétypes (le caïd, la victime,), ici ces interactions leur permettent d’avoir plus d’épaisseur. Plus complets, ils deviennent ainsi plus attachants. La mélancolie et les scènes d’insouciance, où ces détenus se comportent comme n'importe quel adolescent de 16 ans, rendent encore plus tragique ce qui leur arrive.


Le propos tenu par Alan Clarke sur la violence qui gangrène les prisons (et la société) et l’impossibilité pour les jeunes détenus de sortir de ce cycle de violence, était fort en 1979. Il était toujours autant d’actualité en 2010.


  • SCUM : 1979 · Angleterre

  • De Alan Clarke

  • 1h 38min


  • Dog Pound : 2010 · Canada

  • De Kim Chapiron

  • 1h 31min

 
 
 

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